jeudi 17 avril 2008

Quid chez ING ?

Entreprises / Les plans d'« actionnariat salarié » se popularisent

Salarié, et actionnaire

DANS LES GRANDES entreprises belges, 1,6 % du capital est détenu par les salariés. C'est encore peu.

En Belgique, trois grandes entreprises sur quatre offrent à leurs employés la possibilité de devenir actionnaire. « Les plans d'actionnariat salarié ont explosé au cours des 15 dernières années », constate Marc Mathieu, secrétaire général de la Fédération européenne de l'actionnariat salarié (Feas).

Mais ce chiffre a priori tonique cache une certaine paresse. Nous avons pu prendre connaissance d'une étude que la Feas rendra publique début mai, à l'occasion .des rencontres européennes de l'actionnariat salarié. Il s'agit d'un recensement (sur base des bilans annuels 2007 et antérieurs) des plans d'actionnariat salarié auprès de 2..477grandes sociétés européennes (dont 56 belges), qui emploient 31,5 millions de-personnes.

Selon cette étude, qui n'avait jamais été effectuée auparavant, la Belgique accuse un retard parfois sérieux: 26 % des employés européens bénéficient d'un plan leur permettant d'acheter des actions de leur entreprise, contre seulement 17 % en Belgique. Des plans d’actionnariat salarié existent dans 75 % des entreprises belges, mais dans 83,4 % des entreprises européennes (voire le graphique ci-dessous). Seules 36 % des sociétés belges disposent d'un plan qui englobe toutes les catégories de personnel, contre 51 % en Europe. Enfin, alors qu'en Europe les employés détiennent 2,35 % du capital de leur société, les employés belges n'en possèdent que 1,63 %.

En revanche, la Belgique est la patrie des stock-options, ces options qui permettent d'acquérir des actions: 80 % des grandes sociétés belges en offrent, contre seulement 65,6 % en Europe.

«La législation belge sur les stock-options est assez efficace, explique Marc Mathieu. Ce qui n'est pas le cas de la loi de 2001 qui encadre les plans d'actionnariat salarié. Elle est si complexe et inadaptée qu'il n'y a que quatre sociétés belges en tout à l'avoir utilisée ». Dexia ou Colruyt, des références en termes d'actionnariat salarié, s'en sont passés en effet.

Le politique indifférent

Dans les pays où l'actionnariat salarié fonctionne bien, comme la Grande-Bretagne ou la France, les législations favorisent l'achat par les salariés d'actions avec une décote (en moyenne de 20 %). Un avantage qui n'est pas considéré comme un salaire et est donc détaxé. En compensation de cet avantage, les salariés sont tenus de conserver leurs actions un certain temps (généralement, entre 3 et 5 ans). En Belgique, on s'est en revanche davantage focalisé sur la distribution d'actions gratuites, ce qui n'intéresse pas les sociétés. En outre, alors que dans les pays voisins, les lois sont régulièrement modifiées pour tenir compte d'un contexte en évolution, en Belgique, on s'est contenté d'une grande loi, dont la mise en œuvre est compliquée. Un plan doit par exemple être inscrit dans la convention collective de travail. Et les syndicats ne sont pas des chauds partisans de l'actionnariat salarié.

Pourtant, le législateur semble sourd. «Le monde politique belge n'est pas conscient de l'importance prise par le phénomène », juge Marc Mathieu. Les chiffres sont pourtant éloquents: dans les 2.500 plus grands groupes européens, il existe 8,2 millions d'actionnaires salariés qui détiennent ensemble 260 milliards d'euros, note la Feas. Aux Etats- Unis, où le concept-est plus ancien, on compte 25 millions d'actionnaires salariés, qui possèdent plus de 1.000 milliards d'euros.

PIERRE-HENRI THOMAS





source : Le Soir du 17 avril 2008

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