dimanche 16 novembre 2008

Dérivés ! Vous avez dit dérivés ?

Cette bombe à retardement opaque composée d’équations mathématiques raffinées n’est pas vraiment un marché à proprement parler car elle échappe complètement au contrôle de tout Etat, régulateur ou autorité de surveillance. Pire encore : ce système est intégralement fondé sur le "gré à gré ", c’est-à-dire sur des accords et contrats privés passés entre deux contreparties, l’acheteur et le vendeur, et représente ainsi un monde parallèle ou, si l’on préfère, un monde de l’ombre...Il suffirait qu’un nombre infime de ces intervenants - le chiffre de 2% seulement est ainsi évoqué ! - n’honore pas ses engagements et le monde de la finance croulerait alors sous le poids d’un gigantesque jeu de dominos !

De fait, un marché digne de ce nom est généralement soutenu - et parfois garanti - par exemple par une banque centrale qui exige des réserves - ou une marge - en contrepartie de la transaction. Rien de tel en l’occurrence dans le marché des dérivés et pour cause puisque ces transactions ne représentent pas du "vrai" argent mais des engagements, des contrats, que du "papier" en quelque sorte ! Ainsi, est-il difficile - voire impossible - de chiffrer la masse totale de ces engagements, le chiffre articulé plus haut de 516 Trillions n’étant que le montant du notionnel annoncé, en d’autres termes le sommet de l’iceberg...

Notre imaginaire collectif est hanté de conflagrations provoquées par les dérivés ces dix dernières années, signe incontestable de la pression intense qui bouillonne dans une marmite dont le couvercle risque d’exploser d’un moment à l’autre en éclaboussant tout le monde au passage. Est-il nécessaire de rappeler la faillite de Barings dues à des pertes de 1.3 milliards de Livres Sterling du trader Leeson ou le traumatisme de LTCM ayant coûté 5 milliards de dollars et qui a failli emporter l’ensemble du château de cartes ?

Le monde de la finance tremble à la perspective de l’éclatement de cette méga bulle, y compris le trader de base qui tente désespérément de liquider une partie de ses positions en produits dérivés mais qui ne trouve pas de contrepartie susceptible de les lui racheter...Il est certainement trop tard à présent pour remettre de l’ordre dans ce marché. De fait, les hedge funds se complaisaient dans cette opacité : ils n’avaient été que 24 sur des milliers à adhérer à un code de conduite délimitant les grandes lignes de leur activité quand le baromètre indiquait encore le beau temps il y a quelques années !

L'article complet @ Contre InfoLa mère de toutes les crises, par Michel Santi


Aucun commentaire: