mercredi 20 février 2008

La Croix-Rouge vous attend

Appel urgent aux donneurs de sang

Laurence Dardenne

Mis en ligne le 14/02/2008

Pénurie au service du sang de la Croix-Rouge où la situation est alarmante. En cause, une augmentation de la distribution de pochettes depuis janvier.

Alarmant. Le terme n'est pas exagéré pour qualifier l'état de la situation. C'est pourquoi le Service sang de la Croix-Rouge lance un appel pressant aux donneurs. Après une période de stabilité, la distribution de pochettes s'est emballée depuis le début de l'année, à tel point que, malgré l'augmentation de prélèvements, le service du sang, qui dessert Bruxelles et la Wallonie, a d'ores et déjà dû faire appel à un autre centre de transfusion wallon.

"Par rapport aux stocks que nous devrions avoir, il nous manque environ 7 pc de poches, nous explique Olivier Bertrand, responsable de la communication, après avoir puisé dans nos réserves, nous n'avons donc aujourd'hui plus de marge de manoeuvre." Si aucun hôpital n'est à ce jour en état de pénurie, le service sang, lui, estime l'être.

"Pour autant que la tendance se confirme - et il n'y a aucune raison que cela s'arrête -, nous pourrions connaître de réels problèmes", nous affirme encore le porte-parole du service du sang.

Sur les quelque 13 200 poches prélevées par mois, 5 à 7 pc sont inutilisables. Or en janvier, 14 600 poches ont été distribuées, après validation. L'augmentation de la distribution de pochettes semble un phénomène général en Europe. L'an dernier, la France a connu une augmentation de la distribution de 8 pc.

Moins que le nombre de donneurs, qui va croissant, c'est l'augmentation des besoins qui pose problème.

Sans qu'aucune raison ne soit formellement identifiée et avancée par le service du sang, certaines hypothèses sont toutefois émises. Ainsi la suppression du marché, à la fin de l'année dernière, d'un médicament administré en cas de forte hémorragie.

"A l'heure actuelle, nous manquons de données objectives pour pouvoir affirmer l'origine exacte de l'augmentation de la distribution, concède le Dr Véronique Deneys, directeur médical du service du sang, si nous avons bien quelques données de l'un ou l'autre hôpital, nous ne disposons pas d'une évaluation globale sur l'ensemble des hôpitaux que nous desservons. Différents éléments semblent néanmoins intervenir.

D'une part, la croissance de certaines technologies, comme l'utilisation de coeurs artificiels pour patients en attente d'une greffe cardiaque. Ces procédures sont en effet relativement consommatrices de sang.

D'autre part, le retrait du marché, fin 2007, du Trasylol, un médicament qui permet de stabiliser le caillot une fois formé et qui est administré dans certaines indications chirurgicales assez sérieuses, pourrait être un élément supplémentaire. Certaines études avaient démontré une augmentation d'effets secondaires et de la mortalité, sans que cela soit réellement significatif, mais la firme a préféré appliquer le principe de précaution et retirer le produit en attendant des données plus précises. Lors de ce retrait, nous avions été prévenus qu'il y aurait des risques d'augmentation de la distribution. Cela dit, ces quelques poches ne peuvent expliquer la totalité de l'augmentation à laquelle nous assistons."

Politique de recrutement

Quoi qu'il en soit, la situation actuelle nécessite des politiques de recrutement de donneurs "sans commune mesure" avec celles qui ont été menées les années précédentes, nous assure encore le Dr Deneys, ajoutant que les critères de sélection pour le don de sang sont de plus en plus stricts. "Dans certains cas, nous sommes obligés de refuser des donneurs parce qu'ils ont voyagé à l'étranger, parce qu'ils ont été chez le dentiste ou qu'ils ont subi une endoscopie." Malgré cela, le nombre de donneurs a augmenté de quelque 1 500 unités de 2006 à 2007.

Mais ce n'est manifestement pas suffisant. Appel est donc lancé à celles et ceux qui désirent aider la Croix-Rouge à répondre aux besoins des malades. Ils peuvent se présenter dans les centres de transfusion ou les collectes mobiles dont la liste figure sur le site à l'adresse www.transfusion.be ou téléphoner gratuitement au 0800/92.245.

source : La Libre



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