vendredi 12 décembre 2008

I comme Icare ...


La crise vue de l’intérieur

16 octobre 2008

George Trower

Il ne fait pas bon travailler dans le milieu bancaire en ce moment. Depuis juillet 2007, au mieux nous nous sommes trouvés sur une mauvaise pente, jusqu’à nous demander, plus récemment, si nous faisons face à un abysse ou si, en réalité, nous sommes en train d’y plonger, impuissants. Ce n’est pas ce qu’on appelle un environnement positif ou relaxant. Je ne suis pas psychologue, mais c’est néanmoins une expérience intéressante de vivre cette période historique au sein d’une banque d’investissement. Pas seulement à cause des évènements sans précédents qui se sont enchaînés à un rythme rapide ces derniers temps, mais aussi à cause des réactions humaines qu’ils ont provoquées dans les étages des banques d’investissement (eh oui, les banquiers sont en fait humains).

On a assisté à trois types de réactions :

Le répit Pour ceux qui ont acquis une stabilité financière, il s’agit tout simplement de s’arrêter pour une période prolongée. Je ne connais pas les statistiques, mais le nombre de personnes parties en congés sabbatiques au cours de l’année qui vient de s’écouler a dû connaître une forte augmentation. Le salaire annuel des cadres hauts placés était tel que le manque à gagner généré par un congé était tout simplement trop important. Dans la mesure où le salaire annuel a fortement diminué, ce manque à gagner s’est trouvé réduit et a poussé certains à partir. Étonnamment, je n’ai pas vu, ni entendu parler d’employés du bas de l’échelle quitter le secteur pour poursuivre d’autres carrières. Ils ne peuvent certes pas prendre leur retraire, mais ils auraient pu chercher un emploi différent. Peut-être que partir dans le contexte actuel serait perçu sur un CV comme un licenciement. Peu croiront que vous êtes parti de votre propre chef.

La dépression Contrairement à ce que la presse grand public insinue, la plupart de ceux qui travaillent à La City ne sont pas en mesure de partir à la retraite dans l’immédiat. Beaucoup d’entre eux assument les mêmes charges financières que le reste du pays, mais à une plus grande échelle – s’ils vivent dans une plus grande maison, le remboursement de l’emprunt, soyez en sûrs, est à la hauteur… Ils vivent grâce aux bonus qu’ils touchent à La City et cette année, ils sont peu nombreux à pouvoir espérer toucher la même chose que l’an dernier. À partir du second trimestre, il fut clair que 2008 ne s’annonçait guère comme une année prometteuse. Nous en sommes arrivés au point où les gens s’inquiètent également pour leurs bonus 2009, et se demandent même s’ils auront toujours un boulot dans un mois. Il leur a fallu trouver d’autres moyens de se remonter le moral – les groupes de personnes qui sortent fumer se sont considérablement agrandis.

La modestie Le mot n’est certes pas souvent associé aux banquiers, mais l’ampleur des événements auxquels nous avons assisté et l’impuissance absolue de ceux qu’on pensait parmi les plus intelligents du monde des affaires d’aujourd’hui ont été telles que les gens erraient, l’air estomaqué. Ces individus qui se voyaient comme générant d’importants revenus pour leur banque – notamment dans le secteur des transactions – se sentent beaucoup moins sûrs de leurs capacités. Étant donné les pics de volatilité et les fluctuations des marchés, comme on a pu l’observer de plus en plus souvent, la chance compte beaucoup quand il s’agit de prendre des risques. Nombre de ces individus qui étaient employés dans des entreprises de placements de premier ordre, et pour qui le lieu de travail, tout comme le poste qu’ils occupaient étaient synonymes de prestige, travaillent maintenant pour des organismes où on pourrait les confondre avec des caissiers.

Ce qui m’a semblé particulièrement intéressant, c’est d’étudier la différence entre le personnel des placements à revenu fixe et celui des actions cotées en Bourse. Les placements avaient connu une longue période de succès et furent le moteur de croissance pour les recettes de la plupart des banques. Le secteur des actions ne s’est toujours pas remis de la perte de vitesse des start-up de l’Internet. Ses employés souffrent aujourd’hui autant que ceux des placements à revenu fixe, mais au moins, ils ont déjà connu la crise par le passé dans leurs propres carrières et la chute est nettement moins grave.

source : Infos & Opinions @ eFinancialCareers.CH


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