jeudi 25 décembre 2008

Secrets bancaires @ La Libre #2

Secrets Bancaires

"La Libre" entame une enquête en treize épisodes sur les terribles semaines qui ont ébranlé le monde bancaire belge. Chacun, dans notre pays, s’est senti interpellé, concerné par l’effondrement des symboles de la finance nationale.





Chapitre 2 - Ce "subprime" que les banques belges ont caché
La crise du "subprime" qui a démarré aux Etats-Unis avec l’effondrement du marché immobilier s’est propagée partout dans le monde y compris en Belgique où les banquiers ont aussi "fauté".


Chapitre 2 - Ce "subprime" que les banques belges ont caché

Ariane van Caloen

Mis en ligne le 24/11/2008

La crise du "subprime" qui a démarré aux Etats-Unis avec l’effondrement du marché immobilier s’est propagée partout dans le monde y compris en Belgique où les banquiers ont aussi "fauté".

récit

Les avis sont partagés sur le réel point de départ de la crise du "subprime". Certains disent que c’est en juin2007 quand deux fonds à risque de la banque d’affaires américaine Bear Stearn n’arrivent plus à faire face à leurs engagements. Comprenez par là qu’ils n’arrivent pas à rembourser leurs clients car leurs actifs qui sont du "subprime", c’est-à-dire des crédits hypothécaires de mauvaise qualité, ne valent plus rien. D’autres disent que c’est le 8août 2007 quand la banque française BNP Paribas décide de "geler" deux de ses fonds également investis dans du papier à risque. Les plus clairvoyants diront qu’il y avait déjà des signes avant-coureurs en février2007 quand la banque britannique HSBC annonce de lourdes provisions sur son portefeuille "subprime".

Mais à ce moment-là, personne ou presque ne s’imagine ce qui va se passer plus tard. Personne ne prévoit des faillites bancaires en cascade, des "hedge funds" (fonds spéculatifs) à la déroute, des bourses qui font le grand plongeon. Une seule personne avait fait des prédictions apocalyptiques bien avant que la situation se dégrade. C’est un économiste, un Juif iranien au parcours atypique qui enseigne aujourd’hui à la New York University. Il s’appelle Nouriel Roubini. Ses sombres prévisions, il les fait le 7septembre 2006 devant un parterre d’économistes au Fonds monétaire international. Imaginez la scène

Alors que les marchés boursiers n’arrêtent pas de monter et que la finance a le vent en poupe, il annonce un effondrement de marché immobilier américain, un choc pétrolier, une baisse de la confiance des ménages et finalement une récession. Avec comme conséquences: des défauts de paiement sur les prêts hypothécaires, des trillions de dollars de prêts titrisés (c’est-à-dire transformés en titres négociables) partis dans la nature et un système financier qui se gripperait. Ces développements pourraient, dit-il devant un auditoire abasourdi, conduire à la destruction de hedge funds, de banques d’investissements ou d’autres institutions financières comme Fannie Mae et Freddie Mac, deux géants américains spécialisés dans le refinancement hypothécaire. Son speech suscite beaucoup de scepticisme dans la salle. "Roubini ne sait faire que de sombres prévisions, c’est un éternel pessimiste", lâchent ses détracteurs. Et pourtant, il a vu juste.

Un an plus tard, Roubini retourne au FMI avec un message encore plus inquiétant. Mais celui qui passait pour un fou devient peu à peu un prophète. Car au fil des mois, la situation ne fait qu’empirer: le marché immobilier américain est en pleine déroute avec des baisses de prix des logements allant jusqu’à 50 pc souvent à cause de ventes forcées. Les "subprimes" qui ont été transformés en titres et revendus dans le monde entier ne valent plus rien. Les Bourses sont à leur plus bas niveau depuis cinq ans. Les banques se méfient les unes des autres et ne se prêtent dès lors plus d’argent. L’asphyxie du marché interbancaire fait ses premières victimes parmi lesquelles la banque britannique Northern Rock. Il y en aura encore beaucoup d’autres. Les géants américains Fannie Mae et Freddie Mac sont sauvés in extremis par le gouvernement Bush début septembre2008.

Tout le monde a compris qu’on est passé tout près de la catastrophe. Mais celle-ci se produit quand même quelques jours plus tard avec le dépôt de bilan de Lehman Brothers, un grand nom de la banque d’affaires. Sa chute provoque un véritable tsunami. C’est toute la planète finance qui tremble y compris en Belgique. Où jusque très tard, les banquiers ont continué à essayer de dédramatiser la situation. Et pourtant, ils ont fauté comme tout le monde. Comme quasi tous leurs confrères, leur grande erreur c’est d’avoir investi en général de manière indirecte dans un marché immobilier américain devenu complètement pourri. Des dizaines de milliers de ménages sans le sou, de l’Ohio à la Floride en passant par la Californie, avaient été poussés par des courtiers parfois véreux à se surendetter pour acheter des maisons à des prix beaucoup trop élevés. Et la plupart de ces prêts ont été titrisés et donc revendus dans le monde entier. En 2006, les prêts "subprime" ou "Alt A"(c’est-à-dire d’une qualité légèrement supérieure) représentaient environ 1 300 milliards de dollars. Un chiffre effrayant. Dans ces années-là, on titrise tout et n’importe quoi, cela va des crédits hypothécaires douteux aux prêts accordés aux étudiants. Plus le prêt présente un risque, mieux il est rémunéré. Le montant total des créances titrisées aux Etats-Unis était de 8 600 milliards de dollars fin 2006.

Un des avantages de la titrisation est de sortir du bilan des banques des créances et donc de réduire leurs besoins en fonds propres. Un autre avantage c’est d’offrir des placements souvent avec hauts rendements à des investisseurs débordant de milliards. "Il y avait un excès de liquidités depuis plusieurs années venant notamment de la forte croissance dans les pays émergents. Cet argent s’est retrouvé dans des fonds souverains, des fonds de pension ou des hedge funds. Tous ces véhicules d’investissement étaient à la recherche d’actifs avec du rendement. C’est ainsi que s’est créé tout un système financier parallèle sans qu’il y ait augmentation des fonds propres", raconte un banquier.

Les banquiers d’affaires avaient compris l’aubaine: ils ont utilisé toute leur ingéniosité pour construire des véhicules financiers complexes. On voit notamment fleurir des CDO (Collateralised Debt Obligations) qui peuvent être assimilés à des fonds communs investis en toutes sortes de créances dont des "subprimes". Les détenteurs de ce type de papier supportent des risques différents (cela va des tranches les moins risquées nommées "Super Senior" aux plus risquées nommées Mezzanine).

Les agences de notation comme Standard&Poor’s ou Moody’s ont notamment pour responsabilité de qualifier le niveau de risque de chaque tranche. On découvrira par la suite que ces notations ne correspondent pas à la réalité et que du papier assorti d’un triple AAA (soit la meilleure notation) n’est pas forcément du papier sans risque. Et pourtant les banquiers de la terre entière tout comme les régulateurs font une confiance aveugle à ces notations. Ils s’en mordront les doigts. Ils ne comprendront que plus tard que ces agences de notation n’étaient pas toujours très scrupuleuses à cause notamment d’énormes problèmes de conflits d’intérêts. Ils comprendront aussi trop tard que le diable est dans les détails. Beaucoup de papier a bénéficié d’un rating AAA grâce à des techniques alambiquées mais finalement biaisées.

Pendant les années 2004, 2005 voire 2006, ces activités autour des CDO rapportent pas mal d’argent. Le but est de fabriquer des CDO pour en général les revendre. Une raison qui pousse les grandes banques belges à s’y intéresser. Elles sont d’autant plus poussées à le faire qu’elles aussi ont des objectifs de rentabilité de plus en plus élevés. On leur demande d’augmenter leurs bénéfices de plus de 10 pc par an. C’est dans ce contexte que Fortis développe une antenne à New York avec 25 personnes, spécialisée dans la fabrication et la vente de CDO. KBC se lance dans cette activité après avoir racheté certains morceaux de la société américaine D.A Shaw en 1999 et vendra même des CDO à des particuliers fin 2007 quand la crise bat son plein. Le groupe ING dirigé par le Belge Michel Tilmant, affiche, lui, une exposition de 20milliards dans du "Alt A". Et aujourd’hui, le "Alt" a presque aussi peu la cote que le "subprime".

Le cas de Dexia est un peu différent. Le groupe franco-belge, né de la fusion entre le Crédit communal et le Crédit local de France, avait racheté, en 2000, FSA une entreprise spécialisée dans l’assurance-crédit auprès des municipalités. Le patron de Dexia de l’époque, le Français Pierre Richard, explique au conseil d’administration sa volonté de devenir le leader incontesté du financement aux collectivités locales. "Soyons grands", clame-t-il pour justifier une politique d’acquisition effrénée qui passe aussi par des achats désastreux aux Pays-Bas. Le problème c’est que FSA n’a pas fait que du rehaussement de crédit. Il a aussi investi dans du papier à risque du type subprime pour des dizaines de milliards de dollars visiblement sans que les dirigeants belges ne soient très au courant de ce qui se passait. Selon un document que vient de publier FSA, le portefeuille de "subprime" s’élève à plus de 7milliards de dollars.

Au plus on s’enfonce dans la crise, au plus ces CDO ou tout autre papier à risque perdent de la valeur et deviennent invendables. C’est comme cela que les banques belges en gardent pour des milliards d’euros dans leurs bilans. Et qui dit, CDO invendables dit lourdes provisions en raison des nouvelles règles comptables (IFRS) qui obligent de donner une photo instantanée des actifs dans les comptes. Mais les banquiers belges veulent continuer à vouloir convaincre le marché qu’il s’agit d’une bourrasque passagère. Propos sincères, méthode Coué, manque de lucidité ou pieux mensonge? Peut-être un peu des quatre. Il faudra en tout cas attendre novembre2007 pour connaître la position exacte de Fortis dans les crédits structurés (53milliards) notamment dans le subprime (9milliards). En septembre2007, au moment de l’augmentation de capital destinée à financer le rachat d’ABN Amro, le groupe parle d’impact "marginal". Au quatrième trimestre, il provisionne pour 2,7milliards

Encore en 2008, l’ex-CEO de Dexia, Axel Miller parle de "pertes virtuelles""Nous restons bien protégés de la crise du subprime et elle ne devrait pas avoir d’impact à l’avenir, au niveau du groupe ou à l’égard de FSA", dit-il début mars. André Bergen, le patron de KBC, ne cesse de fustiger les nouvelles règles comptables et de rappeler que ces CDO sont de "qualité puisqu’ils continuent à rapporter des intérêts". Peine perdue. La confiance n’y est plus. Surtout après la chute de Lehman. A des degrés divers, les banques belges ont, elles aussi, du papier pourri dans leurs bilans. Elles devront elles aussi provisionner à coup de dizaines de milliards d’euros. Et plus le temps avance, plus leur fragilité apparaît au grand jour, ce qui fait fuir tous les investisseurs et les prêteurs du monde entier. Elles, aussi, n’échapperont pas à la tourmente. Il y aura même de quoi avoir quelques frayeurs

A suivre...


source : La Libre


Dossier: les mots et les maux de la crise
La titrisation a donné naissance à une kyrielle de produits aux sigles abscons et au contenu nébuleux. Ces actifs financiers ont comme point commun une grande complexité et un manque total de transparence qui ont largement contribué à la crise.


Dossier: les mots et les maux de la crise

Philippe Galloy

Mis en ligne le 22/11/2008

À cause de la complexité des actifs toxiques, les banques ont progressivement réduit leurs échanges, dans la crainte de devenir titulaires de produits financiers de mauvaise qualité.Le problème est que cette méfiance a également empêché le commerce de produits sains, l’opacité globale de ces actifs étant telle que les banques ont fini par se méfier de tout ce qui s’échangeait auparavant sans sourciller.

Actifs toxiquesLa titrisation a donné naissance à une kyrielle de produits aux sigles abscons et au contenu nébuleux. Ces actifs financiers ont comme point commun une grande complexité et un manque total de transparence qui ont largement contribué à la crise. En effet, comment, dans le bilan d’une institution, distinguer les actifs sains et les actifs toxiques, tellement ressemblants de prime abord? Parmi les produits toxiques, on trouve des ABS ou "Assets Backed Securities" (titres adossés à des actifs), dont les sous-jacents sont notamment des prêts hypothécaires de type "subprime". Il existe aussi des CDO ou "Collateralised debt obligations" (obligations à créances sous-jacentes) qui mélangent actifs sains et toxiques. Banques et "hedge funds" (fonds spéculatifs) avaient massivement investi dans des CDO dont la valeur a chuté au fur et à mesure de l’effondrement de la valeur des différentes créances. En Belgique, plusieurs banques détiennent ou ont détenu de tels actifs.

Parachute doré

Comme d’autres travailleurs, les patrons perçoivent une indemnité si l’on met fin à leur mandat anticipativement. Mais, s’agissant des patrons, les montants de ces indemnités ont connu une telle inflation, par le jeu de la concurrence entre les sociétés qui tentent d’attirer les meilleurs gestionnaires, que l’on a qualifié la somme perçue en cas de "largage" d’un patron de "golden parachute", ou parachute doré. Les déboires des banques ont conduit plusieurs d’entre elles à se débarrasser de leur patron. En Belgique, un projet de loi prévoit de les limiter à douze mois de rémunération ou, pour ceux qui ont passé au moins vingt ans au sein de la société, à trois mois de rémunération multipliés par le nombre de tranches de cinq ans d’ancienneté.

Marché interbancaire

À cause de la complexité des actifs toxiques (lire par ailleurs), les banques ont progressivement réduit leurs échanges, dans la crainte de devenir titulaires de produits financiers de mauvaise qualité.Le problème est que cette méfiance a également empêché le commerce de produits sains, l’opacité globale de ces actifs étant telle que les banques ont fini par se méfier de tout ce qui s’échangeait auparavant sans sourciller. L’ensemble de ces échanges, qui constitue le marché interbancaire, a donc fini par s’assécher. Or, c’était la principale source de financement des banques pour leur business quotidien qui consiste à prêter aux entreprises. L’assèchement du marché a donc provoqué une crise du crédit.

Liquidité

La liquidité est la capacité d’une société (une banque) de faire face de façon ponctuelle à des besoins d’argent. En cas de mouvements de panique, il se peut qu’une banque ait temporairement du mal à satisfaire les demandes de fonds de la clientèle. Le problème de liquidité peut se transformer en problème de solvabilité si cette chute se traduit par une réduction trop importante des fonds propres correspondants, en dessous des exigences légales minimales. Les quatre institutions financières belges que les autorités ont dû aider ont été confrontées à cette situation.

ABN Amro

Banque néerlandaise. En février2007, le fonds TCI, qui en détient plus d’un pourcent, affirme qu’elle est sous-valorisée et qu’elle devrait être scindée. Un mois plus tard, le britannique Barclays commence une négociation en vue d’une acquisition d’ABN Amro. En avril, un consortium de trois banques (Royal Bank of Scotland, Banco Santander Central Hispano et Fortis) entre dans la danse. Il gagnera le duel avec Barclays, après avoir lancé une offre hostile sur ABN Amro. Mais à cause de la crise, survenue au pire moment, Fortis ne parviendra pas à boucler le financement d’ABN Amro, aujourd’hui toujours détenue par le holding fondé par les trois banques du consortium pour les besoins de l’offre publique d’acquisition.

Solvabilité

La solvabilité est la capacité d’une société (une banque) de satisfaire aux critères légaux qui exigent un certain niveau de fonds propres. Un problème peut survenir lorsque la dépréciation des produits détenus par une banque (inscrits à l’actif) devient si importante que la valeur des fonds propres correspondants (inscrits au passif) se réduit trop par rapport aux exigences légales minimales. Fortis, Dexia, KBC et Ethias ont dû être recapitalisées parce qu’elles étaient confrontées à des problèmes de solvabilité.

Lehman Brothers

La société des frères Lehman a été créée au XIXesiècle. D’abord active dans le commerce de coton, elle s’est transformée progressivement en un groupe financier à la réputation internationale. C’est comme banque d’investissement (ou banque d’affaires) que Lehman Brothers a connu le succès. Cette activité consiste à conseiller et jouer un rôle d’intermédiaire dans les opérations stratégiques telles que les introductions en Bourse ou les fusions et acquisitions. Engluée dans des problèmes de capitalisation dus à la crise, Lehman Brothers a fini par demander la mise sous protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. La faillite de Lehman Brothers est le tournant de la crise bancaire. Elle a provoqué un séisme dans le monde financier. La secousse a touché la Belgique à travers les problèmes de Fortis, Dexia, KBC et Ethias.

Subprime

De son nom complet, "subprime mortgage", ce contrat de droit anglo-saxon a fourni le qualificatif de la crise financière. "Mortgage" se traduisant par crédit immobilier, on est en présence d’un emprunt à but immobilier assorti d’une "surprime" pour le prêteur. En effet, les débiteurs de ce type de contrat étant de mauvais risques, les banques qui acceptent de leur avancer de l’argent exigent une rémunération plus importante pour le prêt qu’elles octroient. Cette pratique était limitée aux Etats-Unis mais on a fini par en parler partout dans le monde, y compris en Belgique, car la titrisation de ces produits a provoqué une crise mondiale.

Récession

Selon une définition traditionnellement admise dans le monde économique, la récession est une croissance négative de l’économie pendant au moins deux trimestres consécutifs. Certains jugent cette définition trop stricte, un ralentissement économique rapide pouvant être suivi d’une reprise tout aussi rapide de la croissance. Mais la crise actuelle devrait bel et bien provoquer une récession et celle-ci devrait être relativement longue, selon certains économistes qui n’attendent pas une relance avant 2010. D’autres pensent encore que le redressement pourrait survenir dès la mi-2009. La Belgique est aussi touchée.

FSA

Filiale de Dexia basée aux Etats-Unis, récemment cédée à l’américain Assured Guaranty. Financial Security Assurance (FSA) est spécialisée dans le rehaussement de crédit, c’est-à-dire l’assurance d’émissions d’emprunts obligataires. En clair, lorsqu’une entreprise se finance par l’émission d’obligations, FSA apporte sa garantie en cas de défaut de l’émetteur. Dans le cadre de ces activités, FSA s’est trouvée à la tête d’un portefeuille de produits financiers de 16,5milliards de dollars (13milliards d’euros) qui a été exclu de la vente à Assured Guaranty et dont Dexia est donc resté propriétaire. Le problème est qu’étant donné l’absence d’acheteur sur le marché, ces produits ne vaudraient plus grand-chose s’ils étaient revendus. Mais leur valeur à terme est intacte, assure Dexia.

Nationalisation

Les problèmes rencontrés par les banques dites "systémiques" a conduit les pouvoirs publics à intervenir en injectant massivement des liquidités dans les groupes financiers en difficulté, tels que Fortis, Dexia, KBC et Ethias. En échange, les différents gouvernements qui sont intervenus ont reçu des actions de certaines banques, parfois à concurrence de plus de 50 pc comme dans le cas de Fortis, ce qui conduit à une situation où une banque privée a comme actionnaire majoritaire l’Etat, ce qui correspond de facto à une nationalisation. À moins de considérer que ce terme ne vise que la confiscation des parts d’une entreprise par les pouvoirs publics, ce qui n’est pas le cas ici.

Produits structurés

Les banquiers ont développé une véritable industrie de produits financiers. Leur imagination n’ayant pas de limites, ils ont créé des produits dont les paramètres varient en fonction d’actifs sous-jacents. Par exemple, on pourrait imaginer un produit donc le capital est garanti et dont le rendement vaudra 30 pc de la hausse éventuelle du Bel 20 ou 5 pc de l’éventuelle baisse du Bel 20, de sorte qu’un rendement minimal est de toute façon garanti. Il existe des produits structurés infiniment plus complexes dont les actifs sous-jacents sont parfois flous pour les acquéreurs.

Banques systémiques

"Too big to fail", dit l’adage (trop gros pour tomber en faillite). En effet, l’Etat ne peut se permettre de laisser tomber en faillite des banques tellement grandes que des pans entiers de l’économie dépendent de leurs activités. On parle de banques systémiques. Ainsi, si Fortis était tombée en faillite, les répercussions sur l’économie belge auraient été telles que cela aurait coûté plus cher à l’Etat qu’un sauvetage de la banque.

Titrisation

Transformation d’une créance en un titre négociable. Comme ce titre passe de main en main (ou plutôt de banque en banque), c’est celui qui le détient qui s’expose au risque en cas de défaillance du débiteur de la créance (dite "sous-jacente"). C’est cette technique qui a propagé la crise à travers le monde parce que des titres ayant comme sous-jacent plusieurs crédits de type "subprime" se sont retrouvés dans les bilans de nombreuses banques, notamment chez Fortis, Dexia, KBC et ING. Quand, aux Etats-Unis, des emprunteurs se sont trouvés dans l’incapacité de rembourser leur mensualité de crédit hypothécaire à cause de la hausse des taux d’intérêt, les problèmes ont commencé.

Agences de notation

Société qui attribue des notes sur des titres émis par des sociétés commerciales, cotées ou non, en fonction de leur perception de la solvabilité de ces entreprises. Plus le risque de défaut de remboursement par une société sera élevé, plus sa note sera médiocre. Les meilleures notes sont A, AA, AAA ou A +. Les pires sont CC, C ou D.Entre ces extrêmes, il y a encore quantité de nuances.

Supervision

Plusieurs autorités de contrôle surveillent le bon fonctionnement des marchés en général et du marché financier en particulier. En Belgique, cette supervision est la compétence de la Commission bancaire, financière et des assurances. La CBFA est compétente non seulement en matière de surveillance des marchés réglementés, soit la Bourse, mais aussi en ce qui concerne les banques et les compagnies d’assurance. La CBFA est donc en première ligne depuis le début de la crise financière.

source : La Libre

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