lundi 17 décembre 2007

Hausses de prix @ Test-Achats

Hausses de prix et pouvoir d'achat ? Les chiffres

Détérioration du pouvoir d’achat, fortes augmentations des prix d’un certain nombre de produits et services, indice des prix, difficultés financières, … On entend plus parler que de cela. Il est vrai que ces derniers temps, les prix de certains produits augmentent plus fortement que d’habitude. Parmi ces produits figurent essentiellement les produits alimentaires et l’énergie (carburant, mazout de chauffage, gaz et électricité). Les prix des logements (tant à l’achat qu’à la location) ont eux aussi considérablement augmenté ces dernières années. Ces hausses de prix ont-elles pour effet d’affaiblir notre pouvoir d’achat ? Test Achats se devait de calculer l’évolution des prix des produits pétroliers, de 43 produits alimentaires et de 11 produits non alimentaires (électroménager, matériel hifi et audio, …), et ce pour la période 2000 à août 2007. Pour tous les revenus, des hausses importantes sont intervenues, et notamment celles des carburants (+ 37,5% depuis 2000 pour l’essence sans plomb, + 41% pour le diesel), le mazout de chauffage (+97%) mais aussi dans le domaine alimentaire comme la viande (ex. le jambon cuit +25%), les pommes de terre (+68%) ou encore le cabillaud (+32,5%), … et ce beaucoup plus vite que le coût général de la vie (+19%). Elles peuvent être compensées du moins en partie par le mécanisme d’indexation des salaires, et aussi, pour les revenus moyens ou plus élevés, par des hausses salariales plus conséquentes et/ou des revenus mobiliers ou immobiliers. Par contre, pour les petits revenus et les bénéficiaires des revenus de remplacement, ces hausses sont insuffisamment compensées puisque les hausses en question touchent leurs principales dépenses sensibles : alimentation, énergie et logement (ex. + 6% pour les logements sociaux depuis janvier 2006). Sur base de ces chiffres, Test Achats demande aux autorités de mener des politiques justes et de prendre des mesures pour les consommateurs les plus vulnérables. L’organisation fait appel à la créativité et à la réflexion des autorités et des partenaires sociaux pour prendre en compte les difficultés de certaines catégories de consommateurs.

Des produits et services de base passés sous la loupe : certains prix s’emballent …
Dans le tableau récapitulatif en annexe (document 2), Test Achats chiffre l’évolution des prix de 43 produits alimentaires, de 11 produits non alimentaires, de l’énergie et de certains services. Il ne s’agit pas de hausses chiffrées de manière précise mais bien de tendances que les dernières semaines ne font que confirmer. Depuis janvier 2000 et jusqu’en août 2007, des hausses spectaculaires sont enregistrées sur certains produits ou services. En tête bien évidemment, les carburants (entre 37,5 et 41% de hausse) et le mazout de chauffage (+97%). L’eau (+34,6%) et le gaz (+25%) mais aussi par exemple les loyers sont également dans cette tendance lourde. Pour les produits, c’est le domaine alimentaire qui est le plus touché : le lait (+ 20%), les œufs (32%), les pistolets (+ 39%), les pommes (+46,5%), les pommes de terre (+68%), le rôti de veau ou le jambon cuit (+25%) ou encore le cabillaud (+32,5%). A côté de cela, toute une série de produits durables (électroménagers, matériel tv-audio, …) ont vu leur prix diminuer ces dernières années (depuis janvier 2006) de la même manière que les tickets d’avion ou encore les gsm. Certains services ont continué eux à augmenter, comme les services bancaires (+8,4% depuis janvier 2006) ou les primes d’assurances incendie (+6,8%).

Toutes ces hausses ne sont rien si on ne les compare pas à la hausse générale du coût de la vie pour la même période, à savoir 19% (et 2,9% entre janvier 2006 et août 2007). A cela s’ajoute le décalage entre l’indice santé (sans les carburants) qui permet de calculer l’indexation des salaires et l’indice général des prix à la consommation. Il met en exergue une perte de pouvoir d’achat de 1,52% entre janvier 2004 et août 2007 (0,76% pour les 11 derniers mois). En termes salariaux, cela correspond, pour le salaire d’un ménage moyen de 2500€, à une perte de 19€ par mois, soit 228€ par an.

Le modèle belge : un mécanisme d’indexation fiable …
La Belgique est (pratiquement) le seul pays au monde à appliquer un mécanisme d’indexation automatique des salaires en vue de préserver le pouvoir d’achat. Ce mécanisme repose sur un panier de 507 produits et services dont les prix sont relevés chaque mois dans dix mille points de vente. Chaque produit du panier se voit attribuer une pondération sur la base des résultats d’une enquête sur le budget des ménages réalisée tous les 5 ans. On obtient ainsi une moyenne pondérée qui reflète l’évolution du prix des produits et services consommés par un ménage moyen, appelé l’indice des prix à la consommation. A côté de cela existe l’indice santé (sans les carburants) et lorsque cet indice dépasse un niveau déterminé (l’indice pivot), les salaires augmentent automatiquement. Cet indice vise donc à préserver le pouvoir d’achat d’un ménage moyen. Quiconque prétend que les augmentations de prix actuelles affectent le pouvoir d’achat, remet donc en question le bon fonctionnement des mécanismes d’indexation. Pourtant, notre mécanisme d’indexation a été minutieusement pensé et est régulièrement adapté. Il est placé sous le contrôle de la commission de l’Indice laquelle réunit des professeurs de différentes universités, les organisations représentatives des employeurs et les organisations représentatives des travailleurs. De plus, les salaires augmentent la plupart du temps plus rapidement que sous le simple effet de l’indexation, ce sous l’influence des accords pris entre les employeurs et les travailleurs dans des CCT et dans le cadre de négociations salariales individuelles. En 2006, en Belgique, les salaires ont augmenté de 3,2% en moyenne, soit une augmentation supérieure à l’inflation (laquelle a été de 1,79% en moyenne en 2006). Par ailleurs, de nombreux ménages tirent également une partie de leurs revenus de biens mobiliers et immobiliers et à ce niveau également, les revenus ont été supérieurs à l’inflation.

Perte de pouvoir d’achat ? La remettre dans son contexte …
A première vue, il n’y a donc aucune raison de souscrire à l’hypothèse selon laquelle le pouvoir d’achat s’affaiblit et pourtant, cette idée est largement répandue. Comment l’expliquer ?

1) Les augmentations de prix se manifestent dans des secteurs très visibles, à savoir l’alimentation et l’énergie. Nous y sommes confrontés à chaque fois que nous nous rendons au supermarché ou que nous faisons le plein à la pompe. De plus, le prix du mazout de chauffage est particulièrement élevé au début de l’hiver, au moment où de nombreuses personnes font remplir leur cuve. En revanche, les produits et services dont les prix baissent (appareils électroniques, tickets d’avion, frais de téléphone…) font davantage l’objet d’achats uniques. Donc, les augmentations de prix frappent le consommateur, tandis que les diminutions de prix passent inaperçues.
2) Les salaires ne sont indexés que lorsque l’indice pivot est dépassé. Les prix augmentent donc pendant un certain temps avant que les salaires suivent. Il y a un effet retardateur et donc une période d’affaiblissement relatif du pouvoir d’achat.
3) Les salaires n’augmentent que sous l’effet de l’indice santé. Il s’agit de l’indice général dont certains produits ont été exclus (carburant, alcool et cigarettes). En périodes de forte augmentation des prix des carburants, l’indice n’est d’aucune aide et tous les automobilistes souffrent d’une perte de pouvoir d’achat.
4) Tous les ménages n’ont pas un modèle de dépenses qui correspond à celui d’un ‘ménage belge moyen’. Étant donné que les augmentations de prix concernent aujourd’hui principalement les ‘biens de base’ (alimentation, énergie et logement), les ménages à faibles revenus et/ou les ménages qui vivent principalement de revenus de remplacement, qui consacrent une part plus importante de leurs revenus à ces besoins, sont plus lourdement touchés. L’indexation constitue donc une moindre compensation pour ces ménages.

Test Achats nuance …
Les ménages qui perçoivent un revenu moyen ou supérieur ne souffrent pas vraiment d’une perte de pouvoir d’achat. Les augmentations de prix sont compensées par le mécanisme d’indexation (avec un certain retard), par les augmentations de salaires obtenues en vertu de CCT ou sur la base de négociations individuelles ou encore par les revenus de biens mobiliers et immobiliers. L’idée de la perte de pouvoir d’achat est avant tout une idée de perception : les augmentations de prix se manifestent dans des secteurs très visibles. Leur pouvoir d’achat risque effectivement d’être affecté si les prix des carburants continuent d’augmenter.

Il y a des signes qui ne trompent pas :

  • jamais les ménages belges n’avaient acheté autant de jouets que cette année ;
  • le nombre de nouveaux véhicules immatriculés atteint chaque mois de nouveaux records ;
  • jamais le nombre de réservations pour des voyages n’avait été aussi important si tôt dans l’année ;
  • les ventes d’appareils électroniques (GSM, écrans plasma, appareils photo numériques ...) atteignent des sommets ;
  • 2007 est une année excellente pour l’horeca.

Test Achats en conclut …
Les ménages à plus faibles revenus et principalement les ménages dont les revenus sont essentiellement constitués de revenus de remplacement, souffrent effectivement d’une perte de pouvoir d’achat :
a. les augmentations de prix se manifestent essentiellement dans des secteurs auxquels ils consacrent une grande part de leurs revenus : alimentation, énergie et logement.
b. les revenus de remplacement ne sont pas tous liés à l’indice.
c. ils ne tirent aucun revenu supplémentaire de CCT/négociations individuelles ni de biens mobiliers/immobiliers.

Pour les plus faibles revenus et surtout pour les revenus de remplacement, la situation est plus préoccupante. Les augmentations les plus fortes se manifestent dans des secteurs auxquels ces groupes consacrent une part relativement importante de leurs revenus. Le mécanisme d’indexation n’est malheureusement pas assez sélectif pour les aider.

Test Achats demande aux autorités de prendre des mesures justes et structurelles pour protéger les consommateurs les plus vulnérables. L’organisation de consommateurs en appelle à la réflexion et à la créativité pour mener à bien cet objectif. Examiner l’impact du mécanisme d’indexation sur certaines catégories de consommateurs est une nécessité, c’est le sens du message de Test Achats qui espère ainsi ouvrir le débat notamment entre les partenaires sociaux et le prochain gouvernement.

Test Achats continuera d’informer et de sensibiliser. Dans cette optique, l’organisation de consommateurs rappelle certains conseils pour limiter l’impact de la hausse des prix sur le budget des ménages.

source : Test-Achats



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