mardi 4 décembre 2007

Synergies chez les intérimaires

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Un nouveau géant de l’intérim

JEAN-FRANCOIS MUNSTER

lundi 03 décembre 2007, 21:39

OPA amicale de Randstad sur Vedior. Il y a des complémentarités géographiques évidentes entre les deux groupes. Sauf aux Pays-Bas et en Belgique...

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Alain Dewez

Tout a été très rapide. Vendredi, suite à des rumeurs de marché, les entreprises de travail temporaire hollandaises Vedior et Randstad reconnaissaient être en discussions en vue d’une éventuelle fusion. Lundi matin, la messe était dite. Elles annonçaient officiellement leurs noces prochaines, signant ainsi l’une des plus grosses opérations dans l’histoire du secteur.

Randstad, numéro trois mondial, lancera une OPA (offre publique d’achat) sur son concurrent, le numéro quatre, Vedior. « Une OPA amicale », souligne Ben Notteboom, patron de Randstad, qui préfère parler de « fusion ».

Le nouvel ensemble affichera un chiffre d’affaires de 17,3 milliards d’euros (prévisions 2007) et occupera la seconde place mondiale, juste derrière le suisse Adecco (20,4 milliards). Il sera numéro un en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, au Portugal, en Pologne, au Canada et en Inde. L’américain Manpower est relégué à la troisième place.

Pour mettre la main sur son rival, Randstad fait une offre mixte, en cash et en actions. Pour chaque action Vedior, Randstad proposera aux actionnaires 9,5 euros en cash et 0,32759 action Randstad. Les actionnaires de Vedior détiendront ainsi 33 % du groupe fusionné. Au total, le coût pour Randstad s’élèvera à 3,51 milliards d’euros. L’opération permettra de générer 100 millions d’euros de synergies. Si du moins aucune contre-offre n’est lancée par un concurrent.

Géographiquement, il y a pas mal de complémentarités entre les deux groupes. Randstad pourra se renforcer sur un marché clé comme la France, où il passera de la 8e à la 3e place, mais aussi en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d’autres marchés émergents où Vedior disposait de fortes positions.

Les deux enseignes n’ont par contre pas la même politique de marques. Vedior possède 230 marques différentes ayant chacune une certaine autonomie. A l’inverse, Randstad est un groupe centralisé où la marque principale s’impose partout.

L’opération pose aussi de sérieux problèmes de concurrence dans deux marchés : les Pays-Bas, où le nouveau groupe s’octroiera plus de 40 % de parts, et la Belgique. Dans notre pays, Randstad est déjà archi-numéro un avec 25 % de parts de marché. Avec les 10 % de Vedior (nº4), il s’adjuge un tiers du marché. Il sera deux fois plus grand que son plus proche poursuivant, le groupe USG People (Startpeople).

En quelques chiffres, voici à quoi il ressemblera : 2.300 employés, 210 agences en propre et 150 au sein d’entreprises, un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros et 45.000 personnes mises chaque jour au travail.

Les autorités européennes de la concurrence auront certainement à se pencher sur le cas belge et hollandais. Elles pourraient forcer Randstad à vendre une partie de son réseau dans ces pays à un tiers. Selon un avocat spécialisé dans le droit de la concurrence européenne, c’est un dossier que Randstad va devoir défendre mais qui est loin d’être perdu. Randstad s’est quant à lui déclaré confiant.

Si le groupe reçoit le feu vert de la Commission européenne, on peut se poser des questions sur les conséquences sociales de la fusion en Belgique. Bien souvent, les agences Randstad sont sur le même trottoir que celles de Vedior et elles ont la même clientèle. Que va-t-il advenir des doublons ? Faut-il s’attendre à des fermetures d’agences et des pertes d’emplois ? Chez Randstad Belgique, on indique « qu’il est beaucoup trop tôt pour spéculer sur le sujet ». « Etant donné la croissance du marché de l’intérim et le mouvement relativement important du personnel, les licenciements secs pourront être évités », ajoute néanmoins Jan Denys, porte-parole de Randstad.

source : Le Soir

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