Par rapport à 2006, le nombre d'actionnaires en direct est resté stable, à 6,7 millions de personnes. Mais ce résultat n'est dû qu'à la progression de l'actionnariat salarié.
L'actionnariat salarié a permis l'an dernier à plus de 100.000 Français supplémentaires de devenir directement propriétaires d'une partie du capital des entreprises où ils travaillent. |
L'actionnariat individuel peut remercier l'épargne salariale. Sans elle, le nombre de particuliers détenteurs d'actions se serait sensiblement érodé depuis un an, notamment en raison d'une diminution des petits porteurs possédant des actions de sociétés privatisées. Visiblement, beaucoup de ceux qui s'étaient intéressés depuis 2005 à Gaz de France ou à EDF ont choisi de prendre leurs bénéfices, incités sans doute par les perspectives de plus-values substantielles et rapides que leur offrait l'évolution des cours de ces valeurs. De 4,7 millions en 2006, les propriétaires en direct d'actions de sociétés privatisées ne sont plus aujourd'hui que 3,9 millions.
Dans ces conditions, la stabilité à 6,7 millions du nombre d'actionnaires en direct, constatée entre 2006 et 2007 dans la dernière enquête réalisée par TNS Sofres pour le compte de Nyse Euronext, apparaît paradoxale. Elle ne peut s'expliquer que par la poursuite de la progression de l'actionnariat salarié, qui aurait donc encore permis l'an dernier à plus de 100.000 Français supplémentaires de devenir directement propriétaires d'une partie du capital des entreprises où ils travaillent.
Si l'on ne tient pas compte de l'actionnariat salarié, les résultats de cette enquête posent un réel problème. Depuis 2004, force est de constater que le nombre de porteurs individuels ne progresse plus et qu'il a même tendance à reculer. Le taux de détention des actions en direct (hors épargne salariale) ressort aujourd'hui à 13,3 % seulement de la population active ; il était de 14,1 % trois ans plus tôt. Surtout, les dernières opérations de privatisation ne sont pas parvenues à préserver une base d'actionnaires stables, pourtant indispensable au maintien d'un marché financier efficace et efficient dans notre pays.
Maigre consolation
La légère progression du nombre de détenteurs d'actions européennes, passé de 1,7 à 1,8 million entre 2006 et 2007, ne constitue qu'une maigre consolation dans ce bilan, qui montre à l'évidence que la France a raté le tournant de l'actionnariat populaire.
Faute d'une véritable politique volontariste, les pouvoirs publics n'ont jamais réussi à transformer l'essai des plus de 7 millions de petits porteurs comptabilisés en 2002 et 2003. Les habitudes ont fait le reste. Pour des raisons commerciales évidentes, les réseaux des grands établissements financiers préfèrent pousser les feux sur la gestion collective qui, face à une conjoncture boursière devenue plus difficile, a d'ailleurs bien du mal à tirer son épingle du jeu. Quasi stable entre 2006 à 2007, le nombre de détenteurs d'OPCVM (sicav et fonds communs de placement) s'inscrit lui aussi dans une tendance baissière depuis 2004.
Finalement, cette nouvelle enquête montre que le nombre de porteurs de valeurs mobilières est resté stable entre 2006 et 2007, à 11 millions d'individus, soit 23,6 % de la population active. Au plus grand bénéfice de l'assurance-vie, qui concerne aujourd'hui 12,5 millions de personnes.
Philippe GuillaumeA lire en complément :
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