mercredi 28 novembre 2007

SIV ou Structured Investment Vehicles

Dans la coulisse de la débâcle hypothécaire

Alors qu'hier, les analystes bancaires ont continué à tirer à boulets rouges sur les
autres actions bancaires, les indices boursiers occidentaux ont une fois de plus
piqué du nez. La principale crainte du marché porte actuellement sur le capital de
base des banques. Ce capital est censé présenter un rapport sain avec la quantité
de crédits octroyés, histoire de pouvoir éponger aisément les éventuelles pertes
enregistrées à ce niveau. Ces dernières années, les groupes financiers se sont mis
à ventiler de plus en plus leur portefeuille de crédits, avec notamment des prêts
hypothécaires logés dans des véhicules hors bilan (SIV ou Structured Investment
Vehicles), qu'ils ont financés avec des instruments à court terme. Tout cela a très
bien marché - les investisseurs faisaient la queue devant la porte - jusqu'à
l'éclatement de la crise hypothécaire. Tout à coup, plus personne n'a encore
voulu mettre un centime dans les produits à relent hypothécaire, si bien que le
flux d'investisseurs prêts à placer leur argent dans ces SIV s'est tari à vue d'oeil.
Privés de sources de financement externes, bon nombre de SIV risquent à présent
de devoir vendre leurs actifs à forte teneur hypothécaire pour une bouchée de
pain. À moins que la banque concernée ne soit prête à les réintégrer dans son
bilan. Mais pour cela, il faut qu'elle dispose d'un capital de base suffisamment
costaud. Et si tel n'est pas le cas, elle n'a d'autre choix que d'attirer des capitaux
frais. Bear Stearns, Barclays et, hier, Citigroup ont déjà procédé à une telle
opération. Précisons quand même que Citigroup n'est pas aux abois,
contrairement à ce que certains veulent faire croire. Le groupe se situe toujours
dans la norme des banques correctement capitalisées. Simplement, à 7,3%, son
capital de base était inférieur à son propre objectif interne (7,5%). C'est pour
cette raison que Citigroup a voulu attirer de l'argent frais.
Ce qui est remarquable, c'est l'endroit où le géant US a trouvé ces fonds. À Abu
Dhabi! Il faut dire que grâce aux prix records de l'or noir,
les pays producteurs de pétrole nagent dans les
pétrodollars et ils doivent bien en faire quelque chose. Ce
n'est pas la première fois que les nouveaux pays
émergeants volent au secours d'entreprises occidentales.
Les Chinois avaient déjà sorti Barclays et Bear Stearns du
pétrin. Voilà en tout cas qui confirme ce que nous avons
déjà eu l'occasion d'écrire dans ce bulletin: la
mondialisation, qui voit des quantités énormes d'argent se
déplacer sur toute la surface du globe, est un allié de poids
pour les marchés financiers occidentaux. Elle garantit que
tant que nous vivrons sur un marché «normal»
(c'est-à-dire un marché caractérisé par un nombre
suffisant d'acheteurs et de vendeurs), les lois de la
physique financière resteront intactes. L'un gagne, l'autre
perd mais en définitive, la richesse reste la même.
Ceux qui ont érigé ces constructions SIV à l'époque ont
aujourd'hui tout intérêt à préserver la valeur de leurs actifs
liés à des crédits hypothécaires. Vendre sur un marché
déserté n'a pas de sens. On pense alors plutôt à des
initiatives comme celle prise hier par HSBC, qui a décidé
de liquider des SIV moribonds et de réintégrer les actifs
dans son propre bilan (ce qui ne pose en principe pas de
problème si le capital de base est suffisamment costaud),
ou encore comme la création d'un marché par les banques
elles-mêmes s'il n'y en a pas. Songeons ici au projet de JP
Morgan, de Bank of America et de Citigroup de créer
ensemble un super SIV susceptible de reprendre les actifs
des SIV mal en point. Faut-il y voir un geste de
philanthropie ou un réflexe d'autodéfense? Nous
penchons pour la deuxième option...
Entre-temps, le malheur des uns fait le bonheur des
autres. Si telle banque met tout en œuvre pour préserver le
prix de ses placements à connotation hypothécaire,
d'autres déploient autant d'énergie à les torpiller. Qu'y
a-t-il en effet de plus jouissif que de racheter pour trois
fois rien les effets d'un SIV qui ne peut plus les financer?
Le zèle avec lequel les analystes critiquent le capital de
base des autres banques y est-il pour quelque chose? Nous
n'osons pas l'imaginer... (Geert Ruysschaert)

source : Equity Markets Snapshot @ Fortis

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